Jérémie et la forêt Sacrée

Publié le par mada.mitsabo

Je vous avais promis lors de mon arrivée dans le Tsaranoro, de vous parler un peu plus en détail de la forêt sacrée, qui borde le Camp Catta. J’ai eu au cours de mon séjour, nombreuses occasions de m’y promener, plusieurs petits sentiers la traversant. Cette forêt est dite sacrée, car c’est ici, sous les cavernes des immenses blocs de granite qu’elle comporte, que sont emmurés les morts de la vallée, on parle d’ailleurs du cimetière des habitants de la vallée. Il est donc tout à fait recommandé de ne pas quitter les sentiers, sinon vous briserez un « Fady » à savoir un « interdit » à Madagascar. Après avoir pris connaissance de ca, ca met déjà dans l’ambiance !

 

MADA-MITSABO-0475.JPGJe me souviendrai toujours de ma première balade dans cette forêt, mon 3ème jour à Madagascar. Me voilà tout prêt, sac sur le dos, tel Dora l’exploratrice, partant à la découverte de ce monde magique et mystérieux. Et je n’exagère pas trop en parlant de monde mystérieux… en fait, c’est le sentiment particulier d’évoluer dans un milieu que l’on ne connait pas, qui rend la dimension mystérieuse. Ici, l’écosystème est évidemment différent, et l’on avance, au rythme des 5 sens. Pas un bruit, pas un arbre, pas une odeur ne ressemble à ce que j’ai déjà pu croiser un jour. C’est pourtant connu, à Madagascar, il y a un risque infime de croiser un animal dangereux, mais me voilà dans un milieu où  il y’a tout à découvrir.

J’avance donc, pas à pas, dans cette forêt luxuriante que j’observe avec des yeux fascinés. Cette nature est d’une pureté rare. Je me sens petit, vulnérable, je ne suis pas chez moi ici, étranger et ca fait du bien. Ils sont quand même rares les endroits où l’être humain ne domine pas tout et où c’est la nature qui dicte les règles. Cette végétation est si dense, que chaque pas fait vers l’avant, me donne l’impression que la forêt se referme derière moi. Et au plein cœur de la forêt, il devient même difficile de percevoir le ciel, tellement l’épaisse végétation à pris le dessus. Il y’a aussi des petites rivières qui traversent le sentier, des rochers de toutes tailles que les racines des arbres engloutissent, des lianes qui relient la terre au ciel… La jungle ? Peut –être bien, dans tous les cas, j’ai comme une envie de chanter très fort « Il en faut, peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire… » ces quelques paroles prennent alors ici, tout leur sens.

 

Soudainement, ma marche déjà très lente, fût stoppée par un bruit que je n’avais pas encore entendu jusqu’à présent. Un espèce de grésillement sourd et répétitif. Le bruit se rapproche. Je n’entends pourtant rien d’autre. Juste ce grésillement qui devient de plus en plus fort…  Il se rapproche, il doit être à quelques mètres de moi maintenant… là, derrière les herbes, mais je ne vois toujours rien… Ma vigilance est en alerte, je ne bouge pas, je sais même pas si je respire. « Mais non Jérémie, il n’y a pas d’animaux dangereux à Madagascar voyons… » pourtant, je ne suis pas rassuré… Qu’aurait fait Dora si elle avait été à ma place ? elle aurait criée « Sac à dos, sac à dooos !!! » pour sortir une épuisette magique ?  il est là… un dernier grésillement, puis, surgissant des hautes herbes, se jette à mes pieds. 

C’est un criquet. D’environ 2cm…  pffff.  Ridicule… Une si petite chose capable de faire autant de bruit ? Surprenant… comme ses couleurs d’ailleurs, on le croirait fraichement sorti d’un atelier de peinture. Bref, je continue mon chemin, comme si rien ne s’était passé.

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Mais les criquets ne sont pas les seuls animaux bruyants de cette forêt… il y’a aussi les lémuriens, qui sont présents en grand nombre. Il n’y a qu’une espèce de lémurien ici, c’est le Maki Catta, l’animal emblématique de Madagascar. On y trouve aussi du microcébus mais qui ne vit que la nuit, donc difficile à observer. Les cattas sont donc très nombreux, et vivent en bandes. Leur cris très fort s’entend jusqu’à l’autre bout de la forêt, alors quand toute les bandes décident de donner le concert, c’est assez surréaliste ! Les araignées elles, sont heureusement plus silencieuses, mais au vu des toiles que traverse mon visage sur ce sentier, doivent elles aussi être très nombreuses. Dans certains rochers, ces toiles d’araignées sont de véritables œuvres d’art, qu’on regarde sans problème d’une certaine distance.

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Il m’aura fallu une bonne heure pour traverser cette forêt, qui se traverse normalement en 15 minutes. Le percept que l’on accumule dans un tel endroit est vraiment difficile à décrire, mais l’émotion et les souvenir sont d’autant plus fort. Ma seule déception peut être, malgré plusieurs balades dans cette forêt unique, c’est qu’à aucun moment je n’ai pu observer lions, zèbres, hippopotames ou autres girafes… mais peut être qu’il s’agit simplement d’une fausse idée reçue…

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Publié dans Les news du projet

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J
C'est vraiment une fausse idée parce que ni dans la forêt de Tsaranoro, ni dans les autres forêts de Madagascar, il n'y ni lions, ni zèbres, ni hippopotames, ni girafes comme vous l'avez dites,<br /> c'est bien dommage, pourtant pas mal d'espèces endémiques vous accueillent ici à bras ouvert.<br /> Josiane<br /> www.les-trois-metis.com
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